Fuck compromise !
De sinistres craquements dans le monde, en France et dans certaines entreprises sont autant d’alertes d’un besoin de changement profond sur les modes de décisions collectives et individuelles.
La recherche du maintien de la stabilité est remise en cause partout. Le climat change, les peuples changent, les esprits changent… faudrait-il que rien ne change?
Les premières conventions démocrates américaines, État par État, vont débuter en juin pour désigner leur candidat face à Trump.
Fuck compromise!, pouvait-on lire sur les autocollants en Californie (Corinne Lesnes, correspondante du Monde).
En effet, “le temps est venu d’être hardi…Nous traversons une crise. L’époque des idées modestes est révolue…” “le plus grand risque que nous puissions prendre, c’est de jouer la sécurité.”
En France, en Allemagne, en Italie, tous les partis, de droite comme de gauche qui ont voulu protéger leur pré carré sont bousculés par les électeurs.
Le temps des compromis est-il révolu?
Il est coutumier de répéter, comme un mantra, cette phrase prononcée par Tancredi, neveu du tout puissant prince de Salina, dans le livre de Tomasi di Lampedusa, le Guépard, alors que la révolution garibaldienne fait irruption dans le quotidien de cette famille aristocratique:
il faut que tout change pour que rien ne change
Selon lui, il n’y aura qu’un simple échange de l’exercice de l’autorité entre l’aristocratie et la bourgeoisie montante.
Aujourd’hui, faut-il que tout change et pourquoi faire?
De nouvelles formes de production?
Un autre type de consommation?
Un autre type de management dans les entreprises?
Une autre forme de démocratie?
Le premier choc pétrolier avait déjà ébranlé des certitudes (janvier 1974, prix du pétrole X 4). Sans rien changer au mode de vie des citoyens occidentaux, l’économie s’était adaptée.
Le premier choc financier du nouveau millénaire, en 2008, avait sérieusement interrogé les pratiques bancaires et les modes de régulation. Après quelques engagements des pays riches et des banques centrales, tout est redevenu comme avant.
Le dernier choc émotionnel des Accords de Paris sur le climat en 2015 (COP 21) est retombé au niveau des gouvernements, mais les citoyens tentent de reprendre le relais.
Les députés européens tout juste élus démocratiquement vont se faire imposer des présidents du Conseil, du Parlement, de la politique étrangère (etc.) par les chefs d’État des 27, réunis comme des cardinaux, au cours de conciliabules secrets fondés sur de savants compromis..
Le coureur cycliste ne peut faire de compromis.
S’il s’arrête pour réfléchir les autre coureurs le doublent.
S’il s’arrête sans mettre pied à terre il risque de tomber.
Mais, bonne nouvelle!
Antoine Flandrin (journaliste au Monde) nous informe de l’apparition d’un indice de conflictualité!
Le Parlement Européen a créé un outil permettant aux parlementaires de faire de nouveaux choix politiques: l’Indice Normandie!
On a agrégé 11 dangers qui menacent la paix:
- le changement climatique
- la cybersécurité
- les crises économiques
- la dépendance énergétique
- la fragilité de l’État
- le nombre d’homicides
- la liberté de la presse
- le terrorisme
- les conflits armés
- les armes de destruction massive
Il n’y aurait donc pas de compromis pour réussir à gagner la paix? Que fera t-on quand cet indice dépassera le niveau DANGER IMMÉDIAT ?
Apparemment, l’indicateur ne prendrait pas en compte les inégalités sociales?
Le nombre de féminicides?
Le nombre de burn-out?
…
Pour ne pas faire de compromis créons donc, dans chaque communauté de travail, dans chaque famille, dans chaque collectivité, un indice de conflictualité qui nous mettrait en alerte pour enfin changer pour que l’on change vraiment.
Yves Halifa
3 juin 2019
Laisser un commentaire