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Home  /  Actualité  /  La passion et la raison
14 septembre 2025

La passion et la raison

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Alors, ils commencent à se dire qu’on leur a menti. On avait du mal à comprendre pourquoi Dieu, le dieu des mendiants , crucifié entre deux voleurs, avait besoin de tant d’éclat, pourquoi ses ministres avaient besoin de tellement de luxe, on éprouvait parfois une gêne.
Ainsi débute le petit ouvrage d’Éric Vuillard, La guerre des pauvres (Actes Sud)

Eric Vuillard: prix Goncourt 2017 pour l’ordre du jour, chez le même éditeur.

“Bloquons tout!” succède au mouvement des “Gilets Jaunes” lui–même annoncé par “Nuits debout!”
L’irruption de ce qu’on appelait le peuple, puis les masses, puis les vrais gens aujourd’hui, dans le processus démocratique hérité des XIXe et XXe siècles, associé à la puissance des réseaux sociaux, modifie profondément le rôle des institutions démocratiques et les bouscule.

Ces mouvements éruptifs prennent de court non seulement les gouvernants, mais aussi partis et syndicats. Dans les entreprises, ce sont surtout plutôt les grandes que les PME qui paraissent impactées. Pourquoi? parce que les écrans relationnels que constituent les hiérarchies, les process et les normes empêchent les émotions de s’exprimer librement au quotidien vis-à-vis de leurs dirigeants perçus comme lointains, éloignés des préoccupations de la vie, d’autant plus qu’ils sont eux-mêmes “financiarisés”.

Plus la structure est petite, plus les dirigeants sont patrons propriétaires, plus l’équilibre entre raison et passion se gère pacifiquement.

Pierre Rosanvallon, historien et sociologue, professeur au Collège de France constate que nous vivons un moment capital de l’histoire démocratique.

La brutalisation des institutions démocratiques au niveau politique comme au niveau social, (Trump; réforme des retraites au 49-3, …) modifie en profondeur l’équilibre entre les besoins d’Autorité, de Légitimité et de Confiance entre gouvernants et gouvernés.
Les tensions du XIXe et XXe siècles entre “l’urne et le fusil” entre la “liberté et l’égalité” ne sont plus gérées pacifiquement car la passion, les émotions, la sensibilité dominent la Raison. Cette dernière ne pouvant plus être écoutée il faut donc, dit-il (et écrit-il dans son livre édité au Seuil, Les Institutions Invisibles) créer de nouveaux systèmes qui puissent canaliser la sensibilité sociale: sentiments de ne pas être respecté, d’être méprisé, de ne pas être écouté…
Les différents types de “conventions citoyennes” mises en place lors des crises précédentes, celles d’avant le mouvement “Bloquons tout!” n’ayant servi qu’à renforcer le ressenti négatif de ne pas être écouté.

Les partis, syndicats, associations qui étaient des “agrégateurs” de classes sociales (partis conservateur représentant les propriétaires fonciers; partis chrétien-démocrate représentant la bourgeoisie industrielle et financière, partis anti-système, représentés par les artisans et petits commerçants, partis socialiste représentant les fonctionnaires et les enseignants, et partis communiste les ouvriers) se sont aujourd’hui ossifiés et ne reflètent plus les nouvelles aspirations des électeurs.

Les demandes de la société se sont élargies, la pyramide des riches et des pauvres s’est dangereusement déséquilibrée, et la démocratie sociale ne fonctionne pas. L’injustice sociale est un puissant moteur des révoltes et des révolutions à venir, n’en déplaise à ceux qui campent sur des positions qu’ils appellent “raisonnables”.

Et pourtant, lorsqu’un député va sur le terrain de sa circonscription, il vit les réalités du terrain, il les voit, il les entend, mais quand il retrouve son parti il est avalé par les manoeuvres tacticiennes de conservation du pouvoir; au lieu d’être un capteur de la sensibilité populaire il redevient un bon petit soldat (autrefois on disait godillot) de son parti.

Au niveau syndical on retrouve la même dynamique stérilisante. Les grandes entreprises se plaignent souvent de ce que leurs baromètres sociaux ne rendent pas compte de la réalité des besoins de leurs employés et sont prises au dépourvu devant des grèves dites “sauvages”,  sans avoir réalisé qu’elles avaient gelé leurs relations sociales en sur-dosant le dialogue formel sans tenir compte de celui informel, le seul dans lequel les salariés se reconnaissent.

Ainsi la confiance se dissout.

Toutes les négociations politiques, sociales, familiales  et professionnelles sont fondées sur la confiance, capital de base qu’il est difficile de construire et facile à détruire.

Négocier c’est une succession d’équilibres à trouver sans recourir au pouvoir ou au droit.
Or un premier déséquilibre pré-existe, celui du rapport de force: il y a toujours une partie qui a plus besoin de l’accord de l’autre et qui, de ce fait, se trouve en situation de faiblesse.
D’autres déséquilibres peuvent apparaître dans le cours de la discussion:
– le double jeu de l’une des parties,
– le double langage,
– la maîtrise du vocabulaire,
– le capital culturel,
– l’aptitude à la flatterie,
– la capacité à diluer la décision finale…

Tous ces déséquilibres peuvent être gérés dans une relation fondée sur la confiance réciproque. Or cette confiance se négocie.

Ce que l’on ne discerne dans aucun espace de négociation publique aujourd’hui. Ce serait, d’un côté, la condescendance et les procès d’intention  (ils ne comprennent rien à l’économie) et de l’autre les préjugés (ils cherchent à nous rouler dans la farine).
Se surajoutent aux enjeux affichés, des intérêts inavoués, voire inavouables. Consolider son pouvoir sans partage, indépendamment des intérêts communs annoncés et pris en otage; se positionner Contre, sur tous les sujets, pour capitaliser sur la colère et les injustices.

Pierre Rosanvallon tire la sonnette d’alarme depuis longtemps sans être écouté.

L’appel à la Raison ne fonctionne pas car la sensibilité sociale est exacerbée par le manque de confiance des gouvernés.

Comment donc construire la confiance?

La réponse est simple: Tout négocier!
Comment? en parlant aux “autres” ET en  montrant qu’on les écoute. Ne pas dire, je vous entends, je vous comprends, mais valider les divergences, les assumer et embarquer ces “autres” sur la résolution de leurs problèmes ressentis en leur faisant accepter ce sur quoi nous ne voulons pas bouger.

Ne jamais dire, Je ne peux pas, mais déclarer, Je ne veux pas.

En conclusion avant d’aborder toute négociation il est plus que jamais nécessaire d’effectuer ce que Michel Rocard nommait des diagnostics partagés:

– celui des enjeux, en se mettant d’accord sur ce qui sépare les parties avant de construire le périmètre des problèmes spécifiques à chacun.
– celui de la relation, en partageant les émotions, négatives et positives.
– celui de la réalité observable en prenant en considération tous les indicateurs même ceux qui paraissent partisans.

Sans oublier, bien sûr, qu’écouter nécessite de mettre de côté ses propres filtres culturels, obsessionnels et partisans.
Négocier ce n’est jamais imposer sa rationalité aux autres.

Yves HALIFA
14 septembre 2025

Note illustrative: Exposition aux pesticides : avant la publication d’une enquête publique, les viticulteurs prennent les devants
https://www.liberation.fr/environnement/agriculture/exposition-aux-pesticides-avant-la-publication-dune-enquete-publique-les-viticulteurs-prennent-les-devants-20250914_PLIKQFMSHFHFTJQK5CAYNQQ7LE/

 

 

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