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Home  /  Actualité • Revue de presse  /  Alors, on vote ?
24 avril 2016

Alors, on vote ?

Actualité, Revue de presse Laisser un Commentaire

Qu’y a t-il de commun entre La Nuit debout, la COP21 et la négociation du TTIP[1]?

La nature du processus démocratique.
La Nuit Debout se cherche un sens et tente de résoudre un problème historique celui de la prise de décision dans une assemblée démocratique.
La COP21 l’a résolu avec des outils novateurs peu médiatisés[2].
La négociation du TTIP dure depuis 3 ans et patine dans l’opacité la plus totale.
Chantal Mouffe, qui vient de publier un ouvrage opportunément intitulé, L’Illusion du consensus, (Albin Michel), nous aide à nous repérer entre leadership, démocratie et politique.

Le vote et la négociation

Dans les entreprises, les managers le constatent tous les jours, un consensus n’est possible qu’à deux conditions :

  • Le leader a donné un sens à sa proposition
  • Sa décision est acceptée car elle est incarnée

Les syndicalistes savent également qu’au moment d’un vote, pour qu’il soit réaliste et efficace il faut une adhésion la plus large possible et que le temps de délibération préalable investi soit suffisamment long.
Dans les petits groupes le vote n’est jamais un processus efficace car il créé une majorité et une minorité qui vont vite s’opposer. C’est pour cela que l’obtention du consensus lui est préféré avec une multitude de négociations en parallèle et un travail de fond long et important en négociations bilatérales et éventuellement en commissions.

Le succès de la COP21 est dû à plusieurs facteurs dont celui de l’incarnation par deux co-présidences, celle d’un pays développé et celle d’un pays émergent qui a dynamisé le processus.
Le vote n’a été qu’un aboutissement de l’enthousiasme entretenu tout au long des négociations. Et on a bu l’apéro seulement après !
Si l’on suit le raisonnement de Chantal Mouffe[3] citant Gramsci : il faut faire une distinction entre une lutte corporatiste et une lutte hégémonique. La première défend uniquement ses intérêts, alors que la seconde veut créer une volonté collective.
Est-ce qu’il existe aujourd’hui cette volonté collective pour ouvrir un nouvel horizon politique ? Est-ce que la lutte pour le retrait de la loi travail, suffit à fédérer des intérêts différents ?

La Nuit Debout et la démocratie

On peut en douter quand on écoute les jeunes des banlieues marseillaises répondre aux militants associatifs de La nuit debout venu du 6ème arrondissement de Marseille:

« Ici, cela fait trente ans qu’on est debout. On n’a pas attendu pour combattre la précarité, les violences policières, les injustices sociales… Vous venez libérer notre parole ? Mais notre parole est libre. Personne ne l’entend parce qu’elle est censurée et stigmatisée. »[4]

Pourquoi, La Nuit debout ne parvient-elle pas au consensus ?

Le Compte rendu de « l’Assemblée populaire Nuit Debout du 11 avril 2016 #42 mars » reflète l’existence de problèmes non résolus à cette date.

Quand on lit ce compte-rendu on découvre la nature de ces problèmes.

Exemples :
« Cette AP s’est tenue dans des conditions sonores atypiques : une partie « à la criée », une partie avec sono. »
« Rappel des différents rôles (modérateur, facilitateur, chronomètre, preneur de tours de parole), et des règles de l’AG (2 min de temps de prise de parole, les signes de communication). (… ). On ne vote pas les actions. Celles-ci n’engagent que ceux qui les font.”

Un peu plus loin dans ce compte-rendu :
« Il a beaucoup été question de la violence et des dégradations matérielles.

  • Une partie de l’AP semble considérer que c’est inacceptable et que l’on doit se cantonner à des actions pacifiques pour que le mouvement soit le plus massif possible.
  • Une autre considère que la violence est légitime en réponse à celle du gouvernement et des institutions et que c’est un moyen de contestation.
  • En l’absence de consensus, chacun est libre d’entreprendre l’action qu’il estime pertinente. »

Et pour conclure :
« A la fin de l’AP, proposition d’aller « prendre l’apéro » chez le maire du IIIème arrondissement. »

Chantal Mouffe nous alerte en disant qu’en croyant occuper un lieu, toutes les demandes hétérogènes – les revendications des salariés, des femmes, des minorités ethniques, des écologistes… – convergeraient spontanément. Cela n’est pas le cas quand il n’y a pas d’articulation entre  mouvement spontané et organisation politique.
Elle est persuadée que c’est en se donnant des représentants qu’un peuple se construit. C’est autour du leader que se cristallise le «nous» qui fait le peuple et,
elle ne voit guère d’exemple de mouvement qui ait réussi sans leader.

La démocratie c’est difficile

La démocratie a trouvé son origine à Athènes au VIème siècle avant J.C.
L’agora est devenue progressuvement le centre des débats démocratiques, houleux ou amicaux, à l’ombre du portique sud de la ville ; c’est là que l’on procédait à l’ostracisme, bannissement de l’un de ses citoyens ( !)…
Et le vote des lois s’effectuait dans un autre lieu, une colline nommée la Pnyx, endroit où l’on se tient serrés !

De nos jours[5] en France, «l’Assemblée vote normalement à main levée en toutes matières, sauf pour les nominations personnelles».

Il existe également le vote électronique.
Pour certains votes solennels, les députés ne votent pas depuis leur place, ils se déplacent à la tribune en glissant dans une urne un bulletin à code-barres qui permet d’identifier les votes, afin qu’ils soient détaillés au Journal officiel.

Incarner physiquement un vote en levant la main est resté dans l’inconscient un symbole de liberté et de démocratie.

Un dernier mot

La colère ne s’exprime jamais par un vote ou même une délibération, elle s’exprime par des émeutes, des révoltes, puis parfois une révolution.
L’indignation, forme sublimée de la colère, s’exprime souvent par des résistances, boycott, sit-in, happening, occupation, immobilisme, manifestations.
La parole libérée ne devient libératoire que si elle accouche d’actes incarnés par des mouvements structurés, dans une convergence vers une domination de son devenir. Ainsi conclue Chantal Mouffe :

“Jadis, la frontière séparait la droite et la gauche, lesquelles étaient conçues à partir de catégories sociales: la droite représentait la bourgeoisie et la gauche la classe ouvrière. Mais on peut établir une frontière plus transversale, entre ceux d’en bas et ceux d’en haut.”
Aujourd’hui existe t-il une convergence commune qui puisse faire consensus avant de passer aux votes ?

Ce soir, la distance entre centre-ville et quartiers défavorisés de Marseille ne se mesure pas qu’en durée de trajet.
« Où sont les habitants des Flamants ? Ceux des quartiers nord ? », prend à témoin Kader Atia, en pointant le public.
« Il y a une telle relégation sociale dans nos cités que les gens se foutent de la réforme du code du travail, de la loi El-Khomri, poursuit cet ancien du centre social de la cité de la Castellane (15e), acteur reconnu de la lutte contre le mal-logement. Ils ont d’autres priorités. »[6]

Yves HALIFA

24 avril 2016

[1] Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (appelé parfois TAFTA)

[2] https://yveshalifa.com/we-shall/

[3] Chantal Mouffe est proche du mouvement «convivialiste», animé par le philosophe français Alain Caillé. Le convivialisme essaie de penser un ordre différent, qui ne soit pas fondé sur le capitalisme et la consommation. Voir l’excellent article de Jean-Edouard Grésy :

http://www.culturenego.fr/blog/negociation/119/le-bonheur-est-dans-le-don

[4] http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/24/a-marseille-la-nuit-debout-se-heurte-a-la-realite-des-quartiers-nord_4907725_3224.html#sxtcitxiS8tT3WJr.99

[5] Slate.fr

[6] http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/24/a-marseille-la-nuit-debout-se-heurte-a-la-realite-des-quartiers-nord_4907725_3224.html#sxtcitxiS8tT3WJr.99

 

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