Et si ?
On sait depuis longtemps que la culture de la négociation n’est pas le fort des Français. Les tractations des états-majors politiques des députés nouvellement élus il y a quelques jours pour déterminer qui doit conduire la politique de la France en sont une illustration saisissante.
D’abord les postures et les arguments : c’est notre parti qui est arrivé en tête du nombre de députés par rapport aux autres !
En nombre de voix recueillies, c’est pas vous, c’est nous !
Je déclenche immédiatement une motion de censure si un membre de votre formation devient Premier ministre !
Je pense être le mieux qualifié pour devenir le Premier ministre !
Puis surgissent de l’ombre les je te donne, et tu me donnes…
On se réunit dans des hôtels tenus secrets.
On provoque une réunion sans prévenir ses concurrents au poste de président de groupe…
On réagit en appelant les membres de ce groupe à se réunir une heure avant…
On apprend que si vous acceptez que je sois Premier ministre, je vous laisserai les postes des ministères dits régaliens…
Alors, quelques voix tentent d’intervenir en proposant de se mettre d’accord sur des règles du jeu.
Établissons une délibération fondée sur le consensus.
Non, procédons au vote, un député une voix.
Non, décidons que c’est la formation qui a le plus grand nombre de députés d’où viendra le Premier ministre.
Personne n’ayant l’air de se rendre compte de quatre phénomènes :
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Le vrai Premier ministre c’est le Président de la république.
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Les jeux tacticiens énervent les électeurs observateurs.
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Les électeurs n’ont pas voté pour des programmes mais contre une révolution.
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La défiance vis-à-vis du système politique et de ses représentants ne s’est pas dissoute malgré le taux important de participation aux législatives.
Alors Que faire ? Comme ont toujours écrit les leaders révolutionnaires du siècle passé ?
Et si, les nouveaux députés négociaient dans la transparence au cours de débats filmés sur le vif dans les lieux prévus à cet effet, c’est-à-dire dans les salles du Palais Bourbon ?
Et si, devant les citoyens-électeurs, ils se mettaient d’accord pour éliminer les divergences de points de vue idéologiques pour se mettre d’accord sur des convergences ?
Qu’est-ce qui nous sépare ? Qu’est-ce qui pourrait nous rassembler ? Où voulons-nous aller d’ici trois ans ?
Et si, on décidait de mettre entre parenthèses les problèmes de personnes qui souhaitent faire carrière en politique ?
Et si, on parlait problèmes à résoudre avant de parler solutions ?
Et si, chaque député revenait très vite dans sa circonscription pour recueillir non un cahier de doléances, mais un cahier de propositions ?
Et si, on décidait que la première réunion de la nouvelle assemblée législative compilerait ces cahiers pour établir une politique programmatique à trois ans.
Et si, on décidait de conserver la configuration du placement dans l’hémicycle par ordre alphabétique, ou par régions, en sacrifiant la notion de groupes parlementaires, pour éliminer l’effet de meute ?
En redonnant force à la transparence on pourrait ainsi régénérer les processus démocratiques et faire émerger de nouveaux profils de femmes et d’hommes politiques réellement dévoués aux politiques publiques et moins à leurs carrières personnelles.
C’est peut-être le bon moment pour changer de règles du jeu.
Yves Halifa
11 juillet 2024
Merci Yves, enfin un peu de fraicheur dans ce bourbier.
J’aime beaucoup le placement par ordre alphabétique, en plus pousserai au dialogue ! ou au pugilat…