Est-ce qu’un président peut négocier aussi bien qu’un promoteur immobilier ?
Si vous avez lu The Art of the Deal (grande oeuvre de Donald Trump)vous comprendrez pourquoi le « Trumpcare » n’a pas recueilli l’accord escompté à la Chambre des représentants.
237 élus républicains contre 193 démocrates à la chambre des représentants et le général en chef n’a pas réussi à faire voter sa « Trumpcare », la suppression du système de santé mis au point par Obama, et pour éviter l’affront d’un échec il a retiré son projet de loi au dernier moment.
Il avait pourtant utilisé les bonnes techniques de négociations qui ont fait son succès :
- Le recours à l’ULTIMATUM qui fonctionne très rarement et qui fait perdre la face à toutes les parties: « Le président a dit qu’il voulait un vote demain, pour ou contre », « Si pour une quelconque raison c’est contre, nous allons continuer à avancer sur d’autres parties de son programme », comme des réformes fiscales, a-t-il ajouté, « et Obamacare restera en place “.
- Les techniques de MARCHANDAGE qui ne fixent aucune limites dans le compromis et qui font perdre toute crédibilité: « Depuis le début de la semaine, Donald Trump avait multiplié échanges et marchandages avec les élus ».
- La FLATTERIE qui démontre son extrême faiblesse à ceux qui en profitent sans s’engager: parties de bowling à la Maison Blanche, voyages à bord d’AirForce One, photos dans le bureau ovale.
- La MENACE qui démontre son impuissance et son obligation d’accepter des compromis: menaces de perdre leur siège aux prochaines législatives pour les récalcitrants et pressions auprès des députés indécis.
- Utiliser le BLUFF du poker en mettant son poids personnel dans la balance et prenant ainsi le risque de perdre la face: « Il avait aussi fait de ce texte le symbole de sa capacité à rassembler sa majorité autour de grandes réformes”.
- Manier la SURENCHÈRE: en cédant aux exigences des plus conservateurs, il les avait encouragés à la surenchère tout en s’aliénant des modérés soucieux de préserver certains acquis de l’Obamacare.
- Empêcher de RÉFLÉCHIR ses interlocuteurs en les détournant de l’analyse du fond du problème: “Oubliez les petits détails à la con!“
- Et surtout, VOULOIR ABSOLUMENT un ACCORD: en montrant sa détermination à aller vite pour tenir sa promesse de campagne consistant à supprimer l’Obamacare, en mettant la PRESSION sur le TEMPS, il s’obligeait à obtenir à tout prix un accord pour montrer sa capacité à tenir ses engagements.En conclusion, l’épisode lui a démontré les complexités d’une négociation politique impliquant de nombreux intérêts divergents et a obéré sa capacité et sa crédibilité sur le lancement des réformes suivantes, telle celle de la fiscalité.
Il n’y a pas que le résultat qui compte, les processus contribuent à l’essentiel de la réussite d’une négociation.
Il aurait du prendre un autre livre de chevet que The Art of the Deal
L’avez-vous lu?
Oui ? vous étiez prévenu.
Non ? vous avez mal compris la leçon du négociateur qui est devenu président des Etats-Unis d’Amérique.
“Mon nom est Donald Trump.
J’ai écrit The Art of the Deal qui s’est vendu à un million d’exemplaires »
- Êtes-vous prêt à voir les choses en grand ? Concentrez-vous sur les solutions, pas sur les problèmes.
- Développez votre instinct et fiez-vous à lui.
- Certains sont nés sous la bonne étoile, d’autres non. Si non, travaillez !
- Cherchez à employer les gens les plus compétents et ne leur faites pas confiance.
- Tout le monde mérite une seconde chance mais les gens qui sont malhonnêtes doivent être trainés dans boue.
- Une fois que vous avez lancé une affaire, ne baissez jamais de rythme.
- La concentration est une des clés du succès.
- Il faut toujours faire un contrat de mariage.
- Lorsque j’ai une grosse réunion, j’y vais avec 5000$ en liquide dans ses poches. Ça me donne encore plus de confiance en moi.
Conclusion : L’argent n’est qu’une conséquence du fait de voir les choses en grand. Personne ne peut vous empêcher de voir les choses en grand, alors ne vous privez pas !!!
Et si vous êtes en échec, ce n’est pas grave: «je vais faire exploser l’Obamacare et oeuvrer à négocier un système de santé formidable pour le peuple».
Mais attention à ceux qui n’ont pas participé à la négociation et qui vont médire… Ce n’est pas grave car comme diraient certains de ce côté de l’Atlantique, il s’agit d’un cabinet noir…
REVUE DE PRESSE
– «Un politicien complètement inapte»
– «La politique récompense parfois les vantards et Trump est un fanfaron de première, mais quand il s’agit de tenir ses promesses, il est nul.”
– “Trump fait campagne en vantardise et gouverne en grandiloquence».
– «Le président a appris une dure leçon: diriger ne se résume pas à trouver un accord».
– «Le président a récemment découvert que le système de santé était un sujet complexe, il sait désormais que légiférer l’est tout autant».
Un dernier mot
Il est possible d’échouer à négocier. Mais quand l’adversaire déclare que vous êtes nul, c’est très grave.
«Il s’est comporté comme un bleu», a ironisé la chef de la minorité démocrate, Nancy Pelosi, incriminant «sa méconnaissance du dossier et son incapacité de bâtir un consensus».
Il est également inquiétant de constater la fausse modestie de celui qui détient les clés du feu nucléaire:
«Nous avons beaucoup appris, a reconnu Trump, sur la loyauté, sur le processus législatif, sur les règles du Congrès. Ça a été une expérience très intéressante».
Yves HALIFA
27 mars 2017
PS: cet article a été rédigé à partir d’informations glanées dans Le FIGARO, Les ÉCHOS, LIBÉRATION, le Washington Post, le New York Times, le Los Angeles Times .Qu’ils en soient remerciés.
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