Négociations sociales et cocus en puissance?
Qui seront les cocus? les salariés ? les chômeurs? les TPE? les syndicats de salariés (lesquels?) ou d’employeurs (lesquels?).
Tout dépendra de la méthode de négociation.
…et tandis que ces deux imbéciles
se passaient rhubarbe et séné,
on se partageait leur dulcinée
qui se laissait faire docile…
chantait Georges Brassens dans Lèche cocu…
Rhubarbe et séné sont deux plantes aux vertus laxatives dont Molière parlait déjà dans sa pièce, l’Amour Médecin.
L’expression “Passe-moi la rhubarbe, je te passe le séné” devint populaire et signifiait:
“Rends-moi service et je te rendrai un service équivalent », ou bien, « Je te renverrai l’ascenseur. »
« Il n’y aura pas de combines », pas « d’arrangements dans le dos des électeurs », car « ce n’est pas comme ça que ça se passe, ce n’est pas “passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe” déclinait Nicolas Sarkozy après les dernières élections régionales.
Rhubarbe et salade seront-elles au menu ?
Les négociations sociales vont occuper les organisations syndicales, patronales et le gouvernement tout l’été, et le 20 septembre les ordonnances seront publiées.
Réformer, donc moderniser le code du travail avec intelligence sans brusquer et les partenaires sociaux, acteurs du dialogue social formel et la « rue », acteur principal du dialogue social informel.
Y aura t-il des cocus ?
Oui, si la méthode classique du marchandage prédomine.
Non, si les acteurs sociaux utilisent la négociation raisonnée.
Comment réussir à échouer ?
Mettre des objets de négociation déjà ficelés sur la table comme par exemple :
- Le plafond des indemnités prudhommales
- Le raccourcissement du délai de recours contre un licenciement
- L’appréciation des motifs de licenciement économique au niveau national
- L’inversion de la hiérarchie des normes sociales
- Le référendum d’entreprise
Autant de solutions conflictuelles qui donneront naissance à des compromis acceptables dans le cadre du dialogue social formel qui procèdera comme toujours par “je te donne, si tu me donnes”.
Autant de compromis qui seront vécus par les acteurs du dialogue social informel comme pauvres et misérables au mieux, comme incompréhensibles et caricaturés au pire.
Comment réussir à négocier ?
En ne s’enfermant pas dans des solutions et leurs argumentaires respectifs mais en mettant tous les intérêts sur la table, en partageant les grands enjeux clairement identifiés, exprimés et transparents.
Encore faudra t-il les rendre légitimes grâce, entre autre, à des négociations transparentes.
Encore faudra t-il ouvrir les négociations, non pas front contre front, mais en construisant les bonnes questions sans préjuger des réponses qui devront être co-construites.
- Exemple 1 : Comment anticiper le coût d’une séparation entre employeur et salarié ?
- Exemple 2 : Comment renforcer la représentativité des syndicats ?
- Exemple 3 : Comment garantir la légitimité d’un licenciement économique
- Exemple 4 : Comment adapter l’entreprise à la concurrence internationale ?
- Exemple 5 : Comment protéger les parcours professionnels
- Exemple 6 : Quelles règles s’appliqueront en cas d’échec des négociations…
Concluons avec Cyrano de Bergerac,
Non, merci ! D’une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l’autre, on arrose le chou,
Et donneur de séné par désir de rhubarbe,
Pour que personne ne sorte perdant de ces négociations sur ordonnances, il ne faut pas prescrire les médicaments trop tôt ; il faut d’abord se mettre d’accord sur les pathologies et aller au-delà des constats partagés de divergences et de différences en s’obligeant à créer les médicaments ensemble, ainsi que leur posologie.
L’urgence n’est pas compatible avec l’expérimentation.
Ni rhubarbe, ni salade, ni séné, mais des ordonnances partagées.
Yves HALIFA
1er juin 2017
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