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Home  /  Actualité • recherche  /  Nous tournons en rond dans la nuit…
12 septembre 2019

Nous tournons en rond dans la nuit…

Actualité, recherche Laisser un Commentaire

In girum imus nocte et consumimur igni

“Nous tournons dans la nuit
et nous sommes consumés par le feu.”

Laurent Jeanpierre vient de publier un ouvrage sur le mouvement des gilets jaunes.
Encore un ?
Oui mais celui-là tente de dépasser les opinions et les émotions en nous informant que ce qui s’est passé récemment va au-delà de l’anecdote politico-sociale et nous interroge sur la suite.

D’où viennent les gilets jaunes?

Il nous informe que ce mouvement ne vient pas de nulle part. Il surgit dans une histoire sociale dépressive de mouvements précédents qui ont échoués et probablement provoqué du désespoir et de la colère.

Il nous informe que ce mouvement s’inscrit dans un contexte de désaffection de la politique traditionnelle et de la dissolution de la confiance dans le militantisme.
Les manifestations contre “la loi travail” en 2016/2017 et contre la réforme de la SNCF ont échouées; le dernier mouvement de masse “rentabilisé” date de 2006, quand le CPE (contrat de premier embauche) a été retiré.

Il en tire donc une première conclusion quant à l’apparition d’un style protestataire nouveau à rendement politique élevé.

En quoi ce mouvement est-il nouveau?

Ce qu’il n’est pas:
D’abord, il ne s’agit ni d’ouvriers, ni de retraités, ni d’agriculteurs, ni de mouvements corporatistes, ni de défense d’intérêts catégoriels; il est “interclassiste” et transgénérationnel”.
Ce qu’il est:
il est constitué d’habitants de zone péri-urbaines, primo-accédants à la propriété, avec de très forts taux d’endettement; des couples vivant avec deux SMIC et possédant deux voitures. des ménages ayant perdu entre 2008 et 2016 500 euros de revenu disponible.
Des “entravés” perclus de dépenses contraintes et surtout:
des personnes ayant perdu tout espoir de mobilité sociale.

Ils ont été incité à accéder à la propriété, ils n’ont pas voulu se fondre dans l’impasse sociale que représentaient les banlieues, ils ont voulu investir dans le bien-être des enfants en allant vivre en habitat pavillonnaire et ils se sont lourdement endettés en espérant qu’ils gagneraient mieux leur vie dans leur travail… sans voir venir les hausses des taxes et des impôts en tout genre grever leur pouvoir d’achat.

In girum imus nocte et consumimur igni

Ils ont eu la nette impression de tourner en rond.
Et pour ne pas être consumés par le feu ils ont mis le feu à Paris et dans les villes qui, elles continuaient à mieux vivre.

Mobilité géographique et mobilité sociale

Laurent Jeanpierre nous rappelle à propos, que dans une société où la mobilité est une vertu cardinale, le déplacement géographique est comme une métaphore de la mobilité sociale, une promesse d’évolution favorable.

L’occupation des ronds-points, on l’a souvent dit, consiste à la fois, en un lieu de blocage de la mobilité des autres ; en un lieu de socialisation pour transformer les conversations virtuelles d’internet en partages d’expériences de vies difficiles; en un lieu de cristallisation d’espoirs renouvelés vers des projets revendicatifs.

Plus c’est long, plus c’est bon!

L’intérêt de cet ouvrage réside également dans le rappel des modes de gestion des grèves et des mouvements revendicatifs et révolutionnaires.

Comme toujours, plus l’autorité en charge du pouvoir (que ce soit au niveau d’un État comme dans une entreprise)  gère le conflit dans l’attentisme en se disant, “ça va se calmer tout seul”, “le mouvement va s’éteindre naturellement”, “les gens vont réaliser qu’ils ont besoin de manger à la fin du mois”, “les gens raisonnables vont les abandonner”, “ils vont avoir peur des blessures”… plus la mayonnaise prend sur les ronds-points.

Comme pour un mouvement de grève, des solidarités nouvelles se créent et “on est bien ensemble” cristallise et encourage de nouvelles dynamiques.

Dans l’oeil du cyclone?

Pour ne pas s’y trouver, le gouvernement a décidé de ralentir le rythme des réformes en consultant, en organisant des petits et grands débats, en prenant le temps.
Edouard Philippe, le 12 septembre:

“Nos convictions (…) sont fortes et notre détermination est entière, mais la réforme n’est pas écrite. Nous avons besoin de l’engagement de tous et nous sommes prêts à prendre le temps qu’il faudra”, a-t-il ajouté en disant vouloir adopter “la méthode de l’acte II” du quinquennat, soit “plus d’écoute” et “plus de dialogue”.

Agnès Buzyn et la grève des urgences :

Malgré la prime mensuelle de 100 euros net versée dès juillet et les 15 millions d’euros débloqués pour recruter des renforts saisonniers, la grogne n’a cessé de s’étendre. « La prime Buzyn a eu l’effet inverse de celui escompté: elle a montré que c’était possible », explique Hugo Huon, président du collectif Inter-Urgences, dans un entretien au « Journal du dimanche ». Sur le terrain, « les gens ont la rage, ils sont désespérés », ajoute cet infirmier de l’hôpital Lariboisière, à Paris.

Ces deux exemples sont inquiétants car ils démontrent deux choses:

  • consulter, prendre du temps, concerter, ce n’est toujours pas négocier.
  • faire des gestes à contre-temps c’est comme éteindre le feu avec de l’huile.

De plus, on ne constate jamais la mise sur la table avec les bons partenaires d’un problème de fond à résoudre, mais plutôt des gestes réactifs qui ressortent plutôt du marchandage que de la négociation raisonnée.

Dernier exemple: des maires tentent des gestes symboliques pour alerter l’opinion sur la dangerosité de certains produits phytosanitaires en promulguant des décrets interdisant leur épandage à moins de 150 mètres des habitations. Aussitôt, les pouvoirs publics et leurs agences (l’ANSES) répondent par une proposition de 5 à 15 mètres.

Cela ressemble à s’y méprendre à du marchandage de tapis.

Pour gérer l’ingérable

Pierre Desproges disait que “l’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne”…
Il va vite falloir sortir du dialogue et de la matraque pour enfin négocier.

Et enfin, faire confiance au tissus associatif qui a des idées et qui, lui, est représentatif.

Le Président ne s’y est pas trompé, lui qui a passé l’après-midi du 11 septembre, sans stress et sans pression chez Ateliers Sans Frontières, à l’occasion de la présentation du Pacte d’ambition pour l’Insertion par l’Activité Economique (IAE).

Yves HALIFA

12 septembre 2019

(photo: Kniel Synnatzscke plainpicture)

ouvrage: In Girum, Les leçons politiques des ronds-points.
La découverte – août 2019

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