Elle est bonne, la loi Travail !
Avez-vous compris les objectifs de cette loi ?Ce ne sont ni la « réforme du code du travail », ni la « libération du marché du travail », ni le « dé tricotage des avantages sociaux ».
Il s’agit simplement de vous redonner la parole, à vous salariés.
Comment ? En vous redonnant le droit de négocier. Tout simplement.
Pourquoi la loi El Khomri est-elle bonne, juste et pertinente ?
Pourquoi est-elle contestée, vilipendée, honnie ?
Elle est bonne parce qu’elle répond aux besoins des entreprises et des salariés d’aujourd’hui et de demain.
Elle est juste car elle est équilibrée entre la flexibilité dont ont besoin les entrepreneurs et la sécurité inhérente au statut de salarié.
Elle est pertinente pour favoriser les emplois de demain et pour sauvegarder les emplois d’aujourd’hui dans le cadre de la mondialisation de l’économie.
Elle est contestée par deux catégories de personnes, ceux qui ont peur et ceux qui n’ont pas compris.
Elle est vilipendée par ceux qui sont menacés par leurs rentes et leurs situations privilégiées.
Elle est honnie par ceux qui en ont fait un étendard idéologique, soit de défense du libéralisme, soit du communisme.
Elle va passer, dans la douleur et l’impopularité, mais elle s’appliquera, bon gré, mal gré, alors que l’ensemble des salariés aurait pu s’approprier cette loi si elle avait été cohérente avec ce qu’elle visait.
Loi et négociation
Quels sont les deux grands régulateurs du fonctionnement de notre vie commune au travail en France aujourd’hui ?
- La loi et les règlements qui sont édictées pour tous par le pouvoir dit régalien de l’État.
- La négociation collective, forme réelle de ce qu’on nomme le dialogue social.
La loi Travail vise à redonner plus d’espace à la négociation au plus près du terrain réel de l’économie, celui de l’entreprise.
Elle vise à décentraliser le pouvoir de créer des solutions adaptées à la vie quotidienne de millions de personnes.
Elle vise à renouveler la qualité des négociateurs.
Aujourd’hui ceux qui négocient, le font au sommet d’une pyramide institutionnelle, avec des outils surannés, des postures de joueurs, des déclarations de comédiens, parfois de tragédiens.
Pendant ce temps là, le chœur des entrepreneurs et celui des salariés observent, subissent, critiquent sans pouvoir intervenir.
Vive la loi Travail
La loi Travail a pour objectif le décloisonnement de la négociation collective.
Pourquoi ne pas l’avoir dit plus clairement ?
Pourquoi ne pas avoir clamé sur tous les tons, qu’il fallait plus de négociations parce que la démocratie ne se décrète pas du haut ?
Pourquoi ne pas avoir négocié plus tôt, s’interrogent certains ?
Pour trois raisons
- Parce qu’on ne pouvait ouvrir une négociation avec des négociateurs à qui on demandait d’abandonner une partie de leurs pouvoirs, à qui on demandait de négocier avec de nouvelles règles du jeu, à qui on demandait de faire confiance au terrain.
- La seconde raison, c’est la méfiance culturelle face à la négociation auprès des acteurs de l’État qui préfèrent la loi et les règlements.
- La troisième raison, c’est une certaine culture de la négociation qui n’est vécue que comme transaction sur la base du donnant-donnant avec toutes les tensions qui en découlent, entre argumenter et écouter, entre raison et émotion, entre négociable et non négociable, entre mandants et mandataires et surtout… entre marchander et créer.
Vive la loi El Khomri !
Yves HALIFA
13 juin 2016
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